Le Passeur - Loïs Lowry et The Giver - Phillip Noyce

Publié le par Morgana et La Luciole

BINOME : Retrouvez l'avis de Morgana sur le livre (en vert), et celui de la Luciole sur l'adaptation cinématographique (en orange).

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C'est au moment où j'ai lu Hunger Games que j'ai entendu parler du Passeur pour la première fois. Il est vrai qu'en découvrant Hunger Games, j'avais eu l'impression de tomber sur quelque chose de tout à fait nouveau, je me sentais telle une Indiana Jones de la littérature, voyez-vous. Cependant, certains soutenaient que ce n'était pas du tout le cas, et ils citaient le Passeur, déjà publié en 1993Hunger Games ne faisait donc pas de moi une Indiana Jones de la littérature (ma vie n'avait plus de sens, j'ai tenté un suicide au chocolat, qui a échoué, mon foie est trop surpuissant).

En soit, cela n'a rien de très étonnant, on dit suffisamment souvent que « l'on n'invente rien », et même notre ami Musset disait déjà à son époque qu'il était « venu trop tard dans un monde trop vieux » (Musset : 1810-1857 ; ne me demandez pas ce que nous devons en conclure concernant notre propre existence s'il disait déjà ça a cette époque, je n'ai pas de réponse)(et oui, je cite Musset ici, c'est curieux mais dans ma tête ça me paraissait être une bonne chose :D).

 

C'est ma petite sœur qui a dû le lire sur demande de sa prof de français et j'en ai profité pour le lui subtiliser.

 

Nous sommes projetés sans indications préalables dans le monde de Jonas. C'est petit à petit que nous comprenons les codes extrêmement strictes qui organisent les vies des citoyens. Une ambiance aseptisée omniprésente se fait sentir dès les premières lignes et, plus je découvrais cette société, plus je me sentais étouffée. L'auteur introduit ses informations d'une manière que j'ai trouvée je-ne-sais combien de fois plus subtiles que celle des dystopies plus récentes que j'ai lues.

 

Le roman débute avec Jonas qui anticipe la prochaine cérémonie au cours de laquelle il découvrira à quel métier il aura été assigné. Il oscille donc entre inquiétude et tranquillité, car il n'a aucune idée de ce qu'on va lui annoncer, mais il sait à la fois que ceux qui décident font toujours les choses bien. C'est cela qui est intriguant d'ailleurs : dans cette société, tous sont tellement convaincus que les dirigeants œuvrent pour le meilleur qu'ils se sont complètement laissé prendre tout pouvoir personnel. Ils trouvent normales même les choses les plus absurdes, tout simplement car ils ne se posent plus aucune question. Ce sont tous des automates sans volonté.

 

Enfin, tous, sauf Jonas, comme vous vous en doutez.

 

Finalement, il est un peu le seul « être humain » de l'histoire avec le Passeur, quoique j'ai trouvé que ce n'était pas évident au début pour ce dernier : il connaît une grosse prise de conscience donc on asisiste à son évolution. Paradoxalement, Jonas qui connaît moins les dessous du fonctionnement de sa société semble plus conscient de tout que le Passeur. L'auteur dépeint réellement un personnage naturellement plein de vie au milieu de zombies. J'ai aimé ce jeune garçon vif et plein de générosité, qui ouvre les yeux sur son existence. Au passage, La Luciole et moi-même avons eu la même réaction en voyant que le héros s'appelle Jonas : nous nous sommes demandé si l'auteur n'aurait pas volontairement choisi ce prénom en raison du personnage biblique. Nous ne connaissons pas très bien le sujet, mais, sauf erreur de ma part, Jonas serait une sorte de prophète dans l'Ancien Testament... référence qui ne semble donc pas si idiote si l'on voit le rôle que joue notre Jonas du Passeur.

Au début, le ton est plein d'innocence et d'une sincérité assez enfantine, il pense et agit différemment des autres et semble comme s'en excuser. Puis j'ai aimé la lente montée jusqu'à la chute finale. J'ai vraiment trouvé le rythme plutôt bien géré. Plus l'horreur était dévoilée, plus je me sentais devenir lourde. C'est un roman jeunesse que je trouve très « intelligent » ; il ne prend pas les enfants/jeunes adolescents pour des idiots et aborde de vrais sujets. Lorsque je vois que ma sœur en reparle encore, l'utilise comme référence lorsque l'on aborde des sujets comme le conformisme, je me dis que ce n'est pas un livre creux.

J'ai même été touchée par certains passages, surtout dans la seconde moitié, ainsi que par la fin elle-même, à laquelle je ne m'attendais absolument pas. Il m'aurait probablement plus marquée et touchée si je l'avais lu à 13-14 ans, mais je n'ai plus cet âge-là ; je vais donc vous laisser : ma bouillotte, mon petit thé et "Des chiffres et des lettres" m'attendent.

 

De la dystopie jeunesse que j'ai trouvée atypique ; avec un héros attachant et un bon rythme jusqu'à une chute finale inattendue ;)

 

Et maintenant, je laisse La Luciole, vous parler de la merveille de film qu'ils en ont tiré :D

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Voulant faire un article sur Le Passeur, et connaissant mon goût pour les (très) mauvais films de science-fiction, Morgana m'a suggéré de regarder The Giver, afin que nous vous présentions un binôme.

Je ne connaissais pas le film, j'ai trouvé l'affiche tellement kitsch, que j'ai sauté sur l'occasion d'ajouter un nouveau film à ma liste de SF nuls favoris :D

Eh bien figurez-vous que j'ai été déçue, ou plutôt agréablement surprise, ça dépend des points de vue, parce que ce n'était pas AUSSI mauvais que ce à quoi je m'attendais ! (faut arrêter aussi de faire des affiches moches et des bandes annonces pourries, comment voulez-vous qu'on aille voir vos films sinon …) (à noter que je l'ai vu en VO, aucune idée de la qualité de la version française mais à votre place je ne m'y risquerais pas!)

 

 

Ne vous emballez pas trop vite, c'est pas parce qu'il était moins nul que prévu que j'ai dit mon dernier mot :D

 

En fait, j'ai eu un cruel sentiment de déjà-vu pendant touuuuut le film. Ca ne m'a pas forcément dérangée, mais il faut dire que le sujet est loin d'être original.

On va faire un brin d'histoire du coup :D

Si vous avez vu Equilibrium, auquel vous ajoutez la fameuse île de The Island et la cérémonie de tri des gens au début de Divergent, vous obtenez The Giver. Si vous voulez j'ai même préparé une petite frise chronologique avec les dates et tout, des schémas pour s'y retrouver, ça rigole pas !

Alors oui, vous allez me dire que le bouquin est de 1993, avant donc tous ces films cités, cependant déjà à ce moment là, les classiques du genre, comme THX 1138, avaient traité le sujet d'humains sous sédatifs, et Huxley (Le meilleur des Mondes) et Orwell (1984) avaient fait du bon boulot sur le sujet également. Bon j'ai plein de références comme ça là mais ça va faire beaucoup, je suppose que vous avez pas envie d'assister à un cours d'histoire.

 

C'est juste que le sujet est vu, vu, vu et revu et que dans ce cas, la seule solution pour se démarquer et pour être un peu original c'est de travailler sur la forme. Et du coup, c'est toujours là que j'attends la SF au tournant Mwahahaha – d'où ma passion pour les mauvais SF, je suis toujours en quête de la perle rare :D

 

 

Alors parlons de la forme, puisque Morgana qui a lu l'histoire originale sera plus à même de traiter le fond et le sujet !

 

Eh bien, le problème de The Giver c'est qu'il ne se démarque pas sur la forme non plus (c'est bête). Les décors font un peu cheap à beaucoup de moments et le noir et blanc n'est pas très joli, pourtant c'est une bonne idée et les passages entre le noir et blanc et les différentes intensités de couleurs sont plutôt bien gérés. Les couleurs sont parfois archi saturées, sur ce point là je me doute que c'est voulu, mais ça ne donne pas au final un rendu particulièrement agréable.

 

 

Le tout amène à un résultat un peu artificiel et superficiel duquel ne naît pas vraiment d'émotion. Ce qui est (un tout petit petit petit peu) dommage quand c'est le sujet même du film …

Pourtant des efforts sont faits je le reconnais !

Le réalisateur mise sur des images d'archive, empreintes de tout un tas de symboliques, de souvenirs collectifs : l'homme s'opposant aux tanks place Tien An Man, la fameuse photo de la fleur et des fusils, et bien d'autres de révolutions, de moments de joies, d'élans de courage pour la liberté …ce traitement m'a d'ailleurs plutôt étonnée venant d'un blockbuster américain mais cela n'a pourtant pas réussi à m'émouvoir … De même lorsque Jonas entend pour la première fois de la musique, je pense que le film aurait pu faire bien plus fort, en utilisant un vrai beau morceau classique, même simple, et en ne faisant pas de Jonas un ado hystérique.

Le Passeur - Loïs Lowry et The Giver - Phillip Noyce

Je n'aime pas trop comparer lorsque je parle d'un film en particulier, mais là le sujet est tellement similaire que je ne peux pas m'en empêcher...

Equilibrium propose une scène similaire, le personnage entend de la musique pour la première fois de sa vie (9ème Symphonie de Beethoven, il vise déjà un morceau d'anthologie …), et bien pour le coup, la scène me touche chaque fois que je regarde le film … Mais avec The Giver, rien.

Extrait d'Equilibrium. Le personnage de Christian Bale entend de la musique pour la première fois

Peut-être que la situation serait un peu différente si on avait le temps de s'attacher aux personnages mais il n'en est rien, le film commence très vite, on ne sait pas vraiment qui est le personnage au fond, comment le caractériser. Globalement le film précipite un peu tous les événements, la fin surtout, m'a parue expédiée et m'a frustrée … J'aurai voulu en voir plus, ou mieux (*spoiler*et c'est quoi ce chalet du Père Noël dans lequel ils arrivent ?? *fin spoiler*)

Moi qui suis du genre à vouloir retirer une demi-heure à tous les films, pour une fois il me semble qu'il aurait gagné à avoir quelques minutes de plus, histoire de mieux nous exposer tout ce qu'il se passe, parce que là … on reste pas mal en surface quand même.

 

Alors du coup je me raccroche à ce que je peux, comme par exemple vous faire une frise chronologique de tous les films du genre que j'ai vu et trouver des références à E.T. là où il n'y en a certainement pas …:D

 

" Coucou E.T. ! "

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(avouez … ça le fait ! Non ?)

Les vélos m'ont fait rire d'ailleurs, je ne sais pas trop pourquoi mais j'ai trouvé qu'ils ne s'accordaient pas vraiment avec reste. Donc j'ai supposé que c'était pour pouvoir faire E.T. :D

 

 

Attention, ne vous méprenez pas … : je donne ici mon avis sur le FILM, cette histoire de vélo et tout le reste est sans doute très bien mis en place et bien mieux développé dans le livre !

Attention, ne vous méprenez pas bis : Je liste beaucoup de mauvais points, mais j'ai malgré tout bien apprécié le film, la principale raison étant que je ne suis absolument pas exigeante sur CE genre-là et que je suis très bon public (sur tous les autres genres par contre j'ai des critères de satisfaction très très précis :D). En fin de semaine en rentrant du boulot c'est parfait, alors c'était bien sympa malgré tout.

 

Ne serait-ce que pour Meryl Streep en méchante (qui fait quand même mieux la méchante quand elle joue Miranda Priesly dans Le Diable s'habille en Prada !) et pour Jeff Bridges (un peu mou-mou là quand même, je le préfère nettement dans le rôle du Dude dans Le Big Lebowsky …). Ok, du coup je crois que c'est réglé, on reprend les mêmes et on retourne The Giver avec Miranda Priesly, The Dude, et E.T. sur son vélo … si un producteur passe sur le blog et adhère à mon idée révolutionnaire ...! :D

© The Giver, 2014, Meryl Streep et Jeff Bridges (+ une dame, un monsieur et un coude)

© The Giver, 2014, Meryl Streep et Jeff Bridges (+ une dame, un monsieur et un coude)

 

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J'ai pas réussi à lire le nom de l'auteur ! Holala !
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M
Moi non plus. Je crois que c'est un nom qui ne se lit pas en fait Oo *Morgana*