Gatsby le magnifique - F. Scott Fitzgerald
Il y a un mois en arrière, j'aurais commencé cet article par "Tout à commencé lorsque j'ai eu le malheur de mettre un pied dans une fnac parisienne en compagnie d'une amie". Cependant, aujourd'hui, étant donné que La Luciole est venue voleter par ici, je vais tout simplement vous avouer que j'étais avec elle et que, poussées par ce sens de l'abnégation qui nous caractérise, sans même réaliser ce qui nous arrivait, nous étions déjà en train de dévaliser respectivement les rayons DVD et livres (dans le seul but d'avoir de jolis articles à vous écrire ici, évidemment...).
Revenons à notre Gatsby. Cela faisait fort, fort longtemps que je voulais faire sa connaissance. "Fitzgerald par-ci, Fitzgerald par-là", il y a un moment où ça m'agace sévère et où je dois aller me faire ma propre opinion par moi-même, je vous le dis ! Il se trouve qu'un nouveau film (avec "Léo" au programme, n'est-ce pas, Stella) devait sortir et cela a ramené l'existence de ce livre à ma mémoire. Du coup, j'ai fait "mon mouton moyen" et, comme tant de personnes motivées par la sortie du film, j'ai acheté Gatsby.
La première édition de l'ouvrage remonte à 1925, et j'ai été surprise de lire qu'elle n'aurait rencontré que très peu de succès. Ce n'est pas le premier "classique" qui a connu un succès à retardement, en effet, mais j'ai trouvé à ce petit bouquin d'à peine un peu plus de 200 pages un petit "quelque chose" qui a fait que cette absence de reconnaissance m'a étonnée.
Dans les année 20, un agent de change, Nick, aménage dans une petite maison de Long Island. Très vite, il va s'apercevoir qu'il a pour voisin un étrange personnage, aussi populaire que mystérieux : Gatsby. Invité à l'une de ses nombreuses fêtes, les deux hommes vont se lier. Nick va peu à peu apprendre à découvrir qui se cache en réalité derrière cet individu si extravagant et méconnu...
Rédigé à la première personne, le récit nous est conté par Nick qui se replonge dans ses souvenirs de cette courte période de sa vie où il a fréquenté Gatsby. C'est assez amusant car, malgré ce fait, c'est un personnage dont j'ai trouvé l'identité assez floue : on sait pas mal de choses sur lui, ce sont ses paroles qui nous guident, et pourtant, c'est Gatsby qui fascine et non lui. Il est un "monsieur tout le monde" à mon sens, quelqu'un avec des préoccupations et des questionnements somme toute assez... "banals". Gatsby, lui, est l'incarnation de l'extravagance, il est "magnifique", comme le dit le titre français et semble presque iréel au milieu de tout le reste (je sais, c'est un personnage de livre, donc techniquement il l'EST, mais paraître iréel dans l'iréalité ça c'est fort non ?)(pourquoi "les monsieurs en blanc vont bientôt arriver" ? je vais parfaitement bien, je ne vous permets pas !).
A côté d'eux, deux personnages féminins : Jordan, la joueuse de golf, qui, je le trouve, s'associe très bien à Nick. En effet, malgré leurs différences évidentes, elle est d'après moi un peu le même genre de personnage dans le récit : important, avec une personnalité qui ne manque pas de saveur et pourtant étrangement effacé derrière Gatsby et l'autre femme de l'histoire, Daisy. Daisy est également parfaitement accordée à son "homologue masculin". Elle a tout de l'héroïne, avec son caractère et ses actions que j'ai trouvé durant les trois-quart du roman très... romanesques.
C'est justement cela que j'ai trouvé intéressant : l'évolution de ces quatre personnages ou, plutôt, la manière dont ils se dévoilent. Il y en a d'autres bien sûr, mais ce sont ceux-là dont j'ai le plus envie de parler, les autres restant fidèles à eux-même d'un bout à l'autre du roman ai-je eu l'impression, au final. Non pas que Nick connaisse un changement radicale en tant que lui-même ; c'est plus sa relation à Gatsby, sa vision de Gatsby qui est assez fabuleuse à suivre. Lui, le mec on ne peut plus banal, m'a semblé être le seul à voir ce qu'il y avait derrière l'extravagant personnage.
Il ne le comprenait pas forcément toujours, pas plus qu'il ne l'approuvait, mais il le respectait, chose qu'aucun autre n'a réussi à faire.
En réalité, j'aimerais, je rêve même carrément de vous spoiler là, de suite, car la fin m'a beaucoup touchée et fait réfléchir. Cependant, je vais rester fidèle à mes habitudes et ne pas le faire quelle sagesse, je sais.
J'aimerais enfin parler de l'écriture de Fitzgerald. Je m'attendais à cela la concernant, pour être tout à fait honnête. Durant les toutes premières pages, elle a été conforme à l'idée que je m'en faisais : un style sans lourdeur particulièrement mais appliqué. Rien qui ne me transcende réellement, mais très agréable. Cependant, très vite, un élément a commencé à m'accrocher : les descriptions. J'ai été fascinée par la manière dont l'auteur les rendait "vivantes" :
"La pelouse commençait au bord de la plage et courait sur quatre cents mètres jusqu'à la porte d'entrée, enjambant cadrans solaires, allées pavées et jardins ardents avant d'atteindre la maison et, comme emportée par son élan, d'éclabousser le mur d'une vigne vierge luxuriante."
Voilà, ça, c'est page 15-16 de mon édition, et j'ai relu cette phrase je ne sais combien de fois. J'étais hypnotisée par la manière qu'avait Fitzgerald de dresser ses tableaux, de planter ses décors. J'avais l'impression de voir un peintre en action, presque. Clairement, j'ai préféré les passages au style indirect plutôt que direct, même si les dialogues étaient également très agréables à lire.
Ahh, Gatsby ! Court récit, mais que j'aurais du mal à oublier, tant pour son fond que pour sa forme.
Pas de retournement de situation en folie, mais une histoire qui m'a touchée ; je n'ai pu rester insensible à l'égard de Gatsby le magnifique, l'incompris.
Un auteur de plus dont je serais ravie de lire un autre ouvrage si j'en ai l'occasion, tiens !