Maestro - Léa Fazer
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Maestro c'est tout d'abord un hommage.
Un hommage à Eric Rohmer (Cédric Rovère dans le film) et Jocelyn Quivrin (Henri) (qui a co-écrit le scénario et qui était censé le réaliser), tous deux décédés à quelques mois d'intervalle en 2009 et 2010 après avoir travaillé ensemble sur Les Amours d'Astrée et de Céladon (adaptation du roman pastoral L'Astrée, d'Honoré d'Urfé). C'est aussi un hommage au cinéma d'auteur en général, souvent méconnu et jugé élitiste.
C'est ce qui m'a plu dans un premier temps. En tant qu'étudiante en cinéma débutant à tâtons sa vie professionnelle dans le domaine, j'ai vraiment apprécié ce côté « envers du décor », les anecdotes sur les tournages qu'on peut y voir, et la façon dont leur ambiance si particulière y est retranscrite. Cela m'a renvoyée à mes propres expériences, et m'a ainsi touchée, mais je conçois que ce soit une raison très personnelle d'apprécier le film, alors je vais vous trouver autre chose (et autre chose en accord avec « la ligne éditoriale » du blog en plus, que demande le peuple :D).
Alors si on oublie un peu l'aspect hommage, mise en abyme étouétou …
Maestro est un film sur la poésie.
Pas forcément celle des recueils et des poètes, bien qu'elle y soit présente également. Mais celle avec laquelle on peut prendre la vie. Maestro nous parle d'une façon de voir le monde qu'on a oubliée...
Gloria (Déborah François) le souligne a un moment lorsqu'Henri lui demande pourquoi elle prend tant de photos.
« Ce que nous vivons-là, bientôt ça n'existera plus. »
Selon moi elle ne parle pas que du tournage, que ce soit à court terme : le tournage de ce film-là est bientôt fini ; ou à long terme : on ne fait plus du cinéma comme ça aujourd'hui … Non, pour moi cette phrase résonne comme une généralité : on est actuellement en train de changer d'époque, et bientôt l'époque de nos parents, grand-parents, celle de Rohmer, de la poésie.. n'existera plus. Tout va de plus en plus vite, on ne peut plus se passer ni des ordinateurs, ni des smartphones (moi la première, hélas...), et on en oublie de regarder la vie comme le fait Rovère dans le film : assis dans un fauteuil à contempler le paysage, simplement parce qu'il est beau …
Durant ce tournage, Henri apprend à vivre de cette manière paisible. Rovère lui transmet le goût et l'envie de se poser et de se laisser aller, au moins le temps du tournage. Ce n'est que mon interprétation personnelle mais c'est ce qui m'a touché dans le film et ce qui fait que je l'ai apprécié.
J'ai moins adhéré à l'esthétique, qui m'a paru somme toute assez banale. C'est l'esthétique des comédies dramatiques françaises, comme il y en a d'autres. Et pour un film hommage au cinéma d'auteur, ce choix m'intrigue vraiment. Je ne dis pas qu'il aurait fallut en faire un film d'auteur, loin de là, la forme telle qu'elle est présentée me convient parfaitement, mais moi qui suis si sensible à l'esthétique des films et à la qualité de l'image, ce côté-là m'a un peu frustrée. Bon après je ne dramatise pas non plus, c'est pas si terrible, il y a bien pire, mais je ne l'ai pas trouvé très recherché visuellement, pas de prise de risque, voilà tout !
En bref !
Maestro en tant qu'hommage à ces deux artistes, au cinéma d'auteur, à la poésie et à une certaine philosophie de vie m'a bien plu. Je pense que le film tenait là un véritable potentiel mais que ça aurait pu aller plus loin dans la forme et à la réalisation.
Ce n'est pas un film qui va me marquer durablement, mais
ce que j'en ai retiré sur le moment, et encore aujourd'hui en écrivant dessus m'a touchée,
et ça, c'est déjà pas mal !
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