Spécial Bac #8: Samuel Beckett
Beckett, c'est mon premier grand amour, la révélation de ma première et terminale L. J'ai étudié En attendant Godot pour la séquence théâtre du bac de français (merci le prof, quel choix judicieux), et j'ai tellement aimé, et tellement parlé à touuuut le monde autour de moi, que ma petite sœur m'a offert Fin de Partie à mon anniversaire, sans que nous ne sachions, ni elle ni moi que ce serait au programme de l'année d'après au bac de littérature 2011 !
J'ai dévoré Fin de Partie comme j'avais dévoré Godot. Et comme nous avions commencé à étudié ce dernier en cours, j'ai pu apprécier FDP différemment : j'y retrouvais déjà certaines clés d'analyse vues pour Godot qui m'ont permis de découvrir l'oeuvre sur d'autres points.
La première raison pour laquelle j'aime les pièces de Beckett, est simplement le fait que je sois bizarre. Sincèrement. Je lisais FDP au CDI quand j'ai explosé de rire. Une amie en face de moi m'a demandé ce qui était si drôle, je lui ai lu la fameuse phrase : « maudit fornicateur ! comment vont tes moignons ? ». Elle n'a pas rit. Avec le recul je comprends, mais sur le coup j'étais tellement dans l'ambiance du livre que j'avais vraiment, vraiment trouvé ça drôle :D Effectivement Beckett propose quelques notes d'humour, de dérision, de satire, mais j'admets que des ptits vieux dans des poubelles dirigés par un tyran aveugle en fauteuil roulant, ce n'est pas forcément drôle pour tout le monde :D Ceci dit, j'avais beau ne pas toujours bien comprendre le pourquoi du comment, lire Beckett était toujours un grand moment de distraction pour moi ! Si bien que j'ai commencé Molloy peu de temps après (un de ses romans), mais pour le coup c'est moins amusant, j'ai plus de mal à le lire, mais je l'ai bientôt fini et je le finirai, j'ai dit !
Le fait d'avoir étudié ces pièces en cours, m'a apporté un nouveau regard, comme toujours quand on étudie une œuvre me direz-vous... mais sur ces pièces qui sont quasi incompréhensibles sans clé d'analyse, c'est vraiment primordial selon moi. Là aussi donc, le pessimisme métaphysique qui ressort des œuvres de Beckett, caché derrière ces phrases qui me faisaient tant rire, m'a plu ! J'aime ce contraste, le fait de parler de choses sombres (la fin de l'humanité, le rejet de la vie...) derrière des tournures de phrases inattendues, cette façon de décoder chaque phrase, qu'il faut apprendre ou découvrir puisque ce sont des codes propres à Beckett... Voilà, on adhère ou on n'adhère pas, c'est effectivement particulier mais je trouve ça pour ma part tellement jouissif :D J'ai lu ses pièces les plus connues, avec une préférence pour FDP me semble-t-il, et Oh les Beaux Jours ! m'a moins enchantée, mais j'ai plus de mal avec les mises en scènes. Avec Beckett, j'ai envie de pouvoir lire moi même les mots, me les approprier, je n'ai pas envie d'avoir le point de vue d'un metteur en scène. Et puis l'avantage de la lecture, c'est que quand ya écrit « un temps » on ne part pas se faire un petit thé pour revenir continuer la lecture à la fin de ce « temps »... c'est moins long, on se fait son propre rythme, car honnêtement, les représentations que j'ai pu voir, c'était de longs « temps » et du coup c'était moins drôle... :p (je n'ai peut-être pas vu les bonnes aussi, c'est possible...)
Voilà, voilà, vous venez de lire une grande fan de Beckett, mais cela ne veut pas dire grande fan du théâtre de l'absurde sous toutes ses formes. Je n'ai par exemple pas vraiment aimé Rhinocéros de Ionesco, mais beaucoup apprécié la Cantatrice Chauve... Comme quoi, chez moi, il n'y a que ce cher Samuel qui fait mouche à tous les coups !
Tous les articles de l'édition:
#0: Sommaire
#1: Les mains libres - Man Ray & Paul Eluard
#3: Lorenzaccio - Alfred de Musset
#4: Les enfants du siècle - Diane Kurys
#5: Lorenzaccio porté à la scène
#6: Les Mémoires de De Gaulle (faux article)
#7: Tous les matins du monde - Pascal Quignard & Alain Corneau
#9: O'Brother - Joel & Ethan Coen
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