Adaptation cinématographique :
quand ça ne plaît pas à l'auteur.
En flânant sur internet la semaine dernière, je suis tombée sur un article de Topito: Le Top 10 des auteurs qui n’ont pas aimé l’adaptation au ciné de leur bouquin qui a forcément grandement intéressée la partie Luciole qui est en moi et qui a inspiré l'article qui suit. Au début, je voulais simplement le citer, le copier coller, et juste un peu le commenter, vu que je n'ai pas beaucoup de temps en ce moment, ça m'arrangeait bien … mais finalement, je me suis un peu trop investie, et cet article m'a demandé plus de temps que d'habitude, j'ai raté mon coup … Bref je ne vais pas vous raconter ma vie, revenons à nos patates.
Quand leur œuvre est en passe d'être adaptée au cinéma, les auteurs sont souvent un peu méfiants, inquiets, et c'est tout à fait normal, on touche pas à leur bébé comme ça !
Certains ont de la chance : ils ont le droit de donner leur avis sur le script, de mettre leur véto sur certaines scènes, voire de participer au tournage. C'était le cas de J. K. Rowling par exemple, qui a été très présente durant la production des différents Harry Potter, jusqu'à en devenir la productrice sur le dernier volet. Alors des fois, effectivement, ça se passe bien, mais pas toujours. Il n'est d'ailleurs pas super conseillé à l'auteur, d'assister au tournage, car il n'est pas forcément facile d'accepter les modifications faites devant ses yeux à son oeuvre originale et c'est bien pour ça que
certains n'aiment pas/ détestent/ abhorrent le résultat filmique !
Cool ! J'aime quand ça râle moi ! :D
Quelques exemples !
(en marron : les citations de l'article de Topito)
Commençons avec le célébrissime Stephen King qui n'a pas aimé la cultissime adaptation Shining, du célébrissime Stanley Kubrick. (le choc des Titans Tadadadam !!)
<< Que ce soit dans des chefs d’œuvre du septième art ou dans des téléfilms vaseux, presque tous les King ont été adaptés à l'écran. Celui-ci, considéré comme un des sommets de la carrière de Kubrick ne semble avoir qu'un détracteur ou presque : King en personne qui bien qu'en ayant reconnu des qualités évidentes au film du génie anglais, s'est montré très déçu des différences notoires entre le film et son roman. Il finira par superviser lui même une adaptation de son livre en téléfilm. Un téléfilm dont personne ne se souvient. Comme quoi, parfois il vaut mieux laisser les gens prendre des libertés que d'essayer de forcément coller au récit.>>
Conclusion : Stephen King aime le film en tant que tel, mais pas l'adaptation. Il a bien compris ce que je répète dans quasiment tous mes articles : le film peut être bien mais être une mauvaise adaptation, et vice-versa. Complexe tout ça !
Ce qui ne veut évidemment pas dire que l'adaptation de Kubrick est mauvaise ! Je n'oserai pas dire une telle chose !
Mary Poppins, des studios Disney, n'a pas Supercalifragilisticexpialidocious à Pamela Lyndon Travers...
<<Vous avez sûrement entendu parler de cette anecdote puisqu'elle a servi de base au film Dans l'ombre de Mary qui est en salles en ce moment. Oui le film que beaucoup considère comme un chef d’œuvre des studios Disney est une pure hérésie pour celle qui a inventé le personnage. La version trop "Disney", pour ne pas dire "bien cul-cul comme il faut" et les séquences animées qu'on voit dans le film ont provoqué l'ire de l'auteur qui à force de coup de gueule a bien failli ne pas être invitée à la première. Elle finit par s'y rendre, et par chialer toutes les larmes de son corps pendant la séance. […]>>
Astérix et Obélix, Mission Cléopâtre d'Alain Chabat résiste encore et toujours à l'appréciation favorable d'Albert Uderzo...
<< Uderzo n'a jamais caché son aversion pour cet opus qu'il jugeait trop "esprit canal" et pas assez fidèle à la BD. Il a d'ailleurs par la suite catégoriquement refusé la version que Jugnot voulait réaliser pour prendre la suite. On peut penser qu'il a jugé que celui-ci serait "trop splendid". Il a du bien regretter ses dires lorsqu'il a vu Astérix aux Jeux Olympiques...>>
(petit commentaire, je n'ai pas pu m'en empêcher : je crois qu'Astérix aux Jeux Olympiques est le film devant lequel je me suis le plus ennuyée …)
La Ligue des Gentlemen extraordinaires de Stephen Norrington, pas si extraordinaire que ça pour Alan Moore
Alan Moore n'a jamais vraiment apprécié les adaptations faite de ses BD qu'il trouve généralement très éloignées de la bande dessinée d'origine. Les fans le suivent dans cet avis et cela se confirme en 2003 avec La Ligue des Gentlemen extraordinaires. Ce cher Alan n'aime pas ces adaptations et ne l'a pas caché: "Je refuse que mon nom serve à cautionner d'une quelconque manière ces entreprises obscènes, où l'on dépense l'équivalent du PNB d'un pays en voie de développement pour permettre à des ados ayant du mal à lire de passer deux heures de leur vie blasée." Et effectivement il n'a pas fait que le dire : il a refusé que son nom apparaisse au générique de l'adaptation suivante : V pour Vendetta... (même si au final son nom apparait malgré tout en petit ...)
Marguerite Duras rejète L'Amant de Jean-Jacques Annaud
Marguerite Duras elle aussi a détesté l'adaptation de son roman dont elle a carrément refusé la paternité (ou plutôt maternité, mais ça fait bizarre, surtout vu le titre du bouquin!) ! « Rien ne m'attache au film, c'est un fantasme d'un nommé Annaud. » Et pour s'en détacher complétement, elle a préféré réécrire son roman, sous le titre de L'Amant de la Chine du Nord en 1991 dans lequel elle a modifié et rajouté tout ce qui lui avait manqué dans sa première version. Un roman qui n'a cependant pas eu le même succès que le premier : L'Amant ...
Christopher Paolini ne brûle pas pour l'Eragon de Stefen Fangmeier
Pour Christopher Paolini, l'adaptation d'Eragon est un ratage, même s'il présente les choses bien plus poliment. Qu'Eragon ait été adapté, ça, ça lui plaît, il s'en trouve même chanceux, mais pas comme ça. Il aurait préféré que ce soit fait autrement et considère que le film correspond plus à l'équipe du film, qu'à sa propre vision du film. Vous me direz, c'est normal, c'est eux qui ont fait le film … Quoi qu'il en soit, pour Paolini, il vaudrait mieux refaire complètement le film, surtout s'il veut avoir une chance de voir le tome 2 adapté lui aussi un de ces jours !
Francis Scott Fitzgerald a magnifiquement detesté Gatsby le Magnifique de Herbert Brenon (1926)
<< Heureusement pour lui, il n'a eu le temps de ne voir qu'une des nombreuses adaptations de ce livre. C'est donc la première (celle de 1926) que lui et sa femme Zelda ont détestée. Ils seraient même sortis de la salle avant la fin du film. Il n'existe pas de déclaration officielle de l'auteur, mais sa femme à écrit "We saw The Great Gatsby in the movies. It's ROTTEN and awful and terrible"*. [...] >>
La Luciole traductrice : * « Nous avons vu Gatsby le Magnifique dans les films. C'est POURRI et affreux et terrible »
On peut dire qu'elle n'y va pas de main morte Madame Zelda ! A mon avis... on ne pourrait pas être plus clair !
Les copies du film étant perdues et introuvables (décidemment on risque pas de les trouver :D ), on ne pourra malheureusement pas faire office de "juge impartial" sur cette adaptation-là. Bon, yen a eu tellement depuis qu'on se rattrapera ! En attendant, l'avis de Morgana sur le livre: ici
Quel bazar !
Morgana et la Luciole vont donc devoir jeter un œil à ces adaptations, car même si leur avis n'est jamais objectif, celui de l'auteur l'est encore moins ! Ca ne vous aura pas échappé que certaines de ces adaptations qui ont déplu à l'auteur ne sont au final pas si mauvaises que ça, voire très bonnes !
Qu'est-ce qui les gène donc les pépères ?
Il n'est effectivement pas facile de laisser quelqu'un d'autre toucher à son œuvre. Alors la mettre en images, ok, mais comme lui l'aurait voulu. Les fans ou simplement les lecteurs qui ont apprécié le livre auparavant, sont déjà généralement frustrés par l'adaptation car elle ne correspond pas à ce qu'ils imaginaient.
Le film impose une subjectivité et une interprétation du livre qui n'est pas toujours celle du spectateur.
Pour l'auteur c'est encore pire, lui aussi il est frustré de ne pas voir sa propre subjectivité à l'écran, sauf que selon son point de vue, c'est sa propre subjectivité qui devrait faire loi non mais oh !
Je pense que c'est pour ça qu'il est important de considérer le livre et le film comme deux œuvres à part entière et complémentaires, d'accepter que le metteur en scène est un nouvel auteur. Et après tout, les meilleurs films sont les adaptations qui ont pris du recul sur l'oeuvre originale. Voir une copie manque d'intérêt me semble-t-il ! Mais allez expliquer ça au papa de Eragon qui voit son personnage transformé en petit-blondinet-en-mode-bradpitt-jeune, ou au créateur d'Astérix et Obélix qui voit ses bébés se faire voler la vedette par un architecte égyptien pas très futfut ! Si vous arrivez à les convaincre, je vous offre un carambar.
Soit dit en passant, je comprends la déception de certains auteurs de cette liste ! Mais ça on en reparlera en temps et en heure dans les articles dédiés ! See you soon !